3 décembre 2008

Les Echos

Eclairer enfin les retraites

Par Jean-Marc Vittori

LE LIVRE DU JOUR

Le point de départ.

En France, les retraites sont devenues illisibles. Chaque salarié a plusieurs régimes, avec des règles spécifiques à chacun. Le système est encore plus complexe pour celui qui a eu l'audace de passer du public au privé ou vice versa. Au bout du compte, le système est à la fois opaque et injuste.

La proposition.

Antoine Bozio, chercheur à l'Institute for Fiscal Studies de Londres, et Thomas Piketty, professeur à l'Ecole d'économie de Paris, prônent des comptes à la suédoise. " Les travailleurs accumulent tout au long de leur carrière professionnelle leurs cotisations de retraite (salariales et patronales) sur un compte individuel géré par l'assurance vieillesse. (...) Le système fonctionne toujours en répartition (...). Au terme de sa vie active, le travailleur a ainsi accumulé un certain patrimoine retraite qui donne droit au versement d'une pension mensuelle. Le montant de celle-ci est fonction du nombre d'années que le salarié peut espérer passer en retraite. " Le système est à la fois simple, juste (il prend en compte l'espérance de vie) et souple.

Un point de blocage.

La proposition suppose l'alignement du régime de retraite du public sur celui du privé. Or, dans le public, la retraite est calculée sur la dernière feuille de paie et non sur vingt-cinq ans. Il est donc beaucoup plus avantageux, en particulier pour les hauts fonctionnaires, qui se livrent " à de véritables courses contre la montre pour des promotions artificielles de dernière minute à l'échelon supérieur ou en classe exceptionnelle ".

Jean-Marc Vittori

" Pour un nouveau système de retraite ", par Antoine Bozio et Thomas Piketty, éditions ENS Rue d'Ulm, 100 pages, 7 euros.